Puisque nous avons du temps, ce sera 5 jours dans la capitale de l’Argentine.
Nous sommes bientôt en hiver, les touristes sont rares. Il fait assez doux, idéal pour déambuler 2 à 4 heures par jour.
Ce bâtiment colossal, gigantesque, était la poste centrale de Buenos Aires, le Centro de Correos. C’est maintenant un centre culturel où nous avons vu de belles expositions…et beaucoup de vide. Le monument devant lui, à l’échelle du reste, est un hommage à une héroïne de la révolution Argentine.
Avec une coiffure et une barbe fleuries, c’est Samuel Morse, l’inventeur du langage qui porte son nom
A Puerto Madero, le puente de la Mujer qui symbolise la sensualité du tango..
En 2016, on avait visité l’Uruguay de l’intérieur, cette fois nous longerons la côte est, que nous ne connaissons pas.
C’est étrange les fins de voyage, on est un peu à la maison, en tous cas on y pense, chacun de son côté, sans le dire.
Et puis il suffit d’une lagune sous un ciel un peu chargé, d’un beau rapace qui prend la pose sur un piquet, tout près de vous, et on est à nouveau là et maintenant. Repartis, quoi.
Mercredi 29 mai
Nous sommes depuis 3 jours à Maldonado, à quelques kilomètres de Punta Del Este, la station balnéaire chic de l’Uruguay. Nombre d’Argentins et de Brésiliens aisés investissent ici. Les plages sont infinies…
C’est l’automne et il n’y a pas grand monde. Les gens d’ici en profitent pour pêcher.
Grande marche sur la costanera; il fait très beau et il n’y a pas de vent.
Les lions de mer font le spectacle
L’orgueil incommensurable du goéland au-dessus de votre tête, qui peut , s’il le désire, vous déféquer sur la tête, histoire de déclencher l’hilarité humiliante de la table d’à côté
Il fallait bien être en automne pour photographier la plus célèbre sculpture de Punta Del Este en la présence indifférente d’un chien faisant sa sieste au soleil
Face au mur de béton, une toute petite chapelle qui déborde d’ex votos
En revenant vers Maldonado, et en continuant la ruta 10, on tombe sur Punta Ballena, une jolie pointe rocheuse flanquée de l’atelelier-résidence d’été du peintre urugayen Carlos Paez Vilaro, la Casapueblo.
Ce délire de chaux blanche est surtout un hôtel-cafeteria-boutique.
Et puis nous avons passé une dizaine de jours à Montevideo avant l’empotage du Pinz en container pour son retour vers Fos sur Mer.
Tout est sympathique dans cette capitale à taille humaine. Mais ici aussi les sans logis dorment où ils peuvent, et ils sont nombreux.
C’est un bonheur de se perdre dans des quartiers où l’on trouve des ateliers mécaniques, des menuisiers ou des vitrines qui présentent tous les embrayages possibles, et cela en pleine ville!
Et l’architecture de la ville est un mélange de tours de verre et d’édifices fin XIXè et beaucoup d’Art Nouveau-Arts Déco, avec un parti-pris affiché pour la couleur.
Nous voici piétons, et nous sommes passés en Argentine via le Buquebus de Colonia Del Sacramento à Buenos Aires.
Il n’y a pas beaucoup de capitales séparées de moins de 250km..
Direction Pelotas, ville au drôle de nom, bien plus dynamique que celles qu’on a vues dernièrement…serait-ce le fait de deux belles rues piétonnes où l’on s’arrête volontiers pour s’asseoir sur un des nombreux bancs autour des arbres, pour discuter, regarder les gens ou manger une glace. C’est bien plaisant dans un pays où les villes sont conçues pour les voitures. D’ailleurs, la seule chose qui nous a irrité au Brésil, c’est le mépris quasi comique des automobilistes pour le piéton..
Cela dit, ce qui va rester de plus vivant dans ce voyage, c’est la gentillesse des Brésiliens. Ils sont curieux de vous, toujours prêts à vous aider, rigolards quand ils vous écoutent baragouiner lamentablement trois mots de leur langue, sans jamais vous en vouloir de ne pas avoir fait un petit effort pour apprendre.
Des façades derrière lesquelles il y a le vide, parfois dévorées par la végétation
Au gré de nos déambulations, nous sommes tombés sur Napoléon, en se demandant ce qu’il faisait là!
On regarde la carte, on voit un point qui s’appelle Rio Grande, alors on va y faire un tour, un nom pareil, on ne va pas l’éviter…et on se retrouve dans le 4ème plus grand port industriel du Brésil!
Nous continuons à descendre plein sud par la BR 471 qui chemine entre deux lagunes. On retrouve les capibaras.
Vendredi 24 mai
Chui. Passage des deux postes de la frontière en moins d’une demi-heure; côté brésilien, le douanier n’apprécie pas trop que Jean-Paul lui parle en espagnol…côté Uruguay, c’est plus sympa, une des fonctionnaires a mon nom de jeune fille comme nom marital; on entre dans son pays comme si on faisait partie de la famille..
La BR 163 continue, continue toujours…alors, à Navirai, on se rebelle et on la quitte, barre à gauche, pour la 487, bien plus tranquille. On se perd avec plaisir sur des petites routes de plus en plus sympathiques.
Ici, on fait de la canne à sucre, pour faire du sucre, semble-t-il, pas du carburant.
On y trouve aussi beaucoup d’araucarias
Doucement, car on a finalement pris de l’avance sur notre planning. Il faut dire qu’à l’est de Campo Grande (Mato Grosso do Sul), l’altitude augmente régulièrement, pour arriver à 1200 mètres vers Guarapuava…et en trois jours on perd 20 degrés! On s’était bien habitués aux tongs et on a un peu de mal à remettre les chaussettes. On ne s’est donc pas éternisés et on a visé le littoral.
Curitiba est la capitale de l’état du Parana. On y trouve le musée Oscar Niemeyer, l’architecte de Brasilia.
Journée culturelle dans ce lieu magnifique qui est aussi un musée d’art contemporain.
Il y avait une exposition de l’artiste chinois Wei Wei
Curitiba, de beaux bâtiments, et de moins beaux, comme cette tour de 20 étages, jamais finie.
On avait prévu un tour de la ville et des environs en bus à impériale avec arrêts libres aux différents points remarquables. Mais nous sommes en automne: pluie, brume et froid..
On continue plein sud, et on se retrouve sur des routes de montagne entre 300 et 500 mètres d’altitude, jusqu’à Porto Alegre, où on ne s’arrêtera pas. Il y a un chantier routier impressionnant. On est à présent dans l’état de Rio Grande do Sul, le plus au sud du Brésil.
Détour par une jolie piste, entre eucalyptus et bétail, pour rejoindre Camaquà. On retrouve des cardinaux à tête rouge, par petits groupes qui s’envolent devant nous. Tout ce qu’on aime…
Rien de tel que ce trou au dessus du siège passager pour observer les oiseaux
A Camaquà, pause de 2 jours pour se reposer et faire une grande toilette au Pinz avant son retour en container.
Cette route de 145 km va de Poconé à Porto Jofre; elle devrait, un jour, rejoindre Corumba à la frontière avec la Bolivie. Mais les pluies la dégradent systématiquement et son entretien est un travail sans fin. L’asphalter et l’équiper de ponts en béton va se faire, mais tout doucement.
C’est une zone d’élevage et le tourisme s’y développe rapidement. Souhaitons que les Brésiliens qui vivent ici dans des conditions difficiles en soient les bénéficiaires..
Donc la Transpantaneira est connue pour ses ponts de bois, dont une pancarte signale au début du parcours qu’ils supportent une charge maximum de 6 tonnes.
J’en ai compté 73, dont trois ou quatre en fermant les yeux.
On rencontre les animaux du Pantanal tout au long du parcours; les oiseaux sont partout.
Jean-Paul a tenté de sortir cette camionnette de son ornière, sans succès. Ce fut un moment avec de la boue et de la bière. Un gros tracteur les a tirés de là le lendemain matin.
A Porto Jofre, il y a le fleuve, un hôtel de standing, un camping et des pêcheurs.
Nuit au camping sous le feu nourri de milliards de moustiques par une chaleur difficilement supportable. A oublier très vite.
Pour le bateau, oui, il y en a un, mais il reviendra de Corumba, on sait pas, peut-être dans dix jours.
Nous reprenons la Transpantaneira dans l’autre sens. C’est bien aussi.
Direction Campo Grande, capitale du Mato Grosso do Sul. Ensuite, nous irons vers le littoral, l’architecture et.. l’automne.
Et puis on va retrouver la BR 163, ses camions, ses stations-services. Certains camionneurs nous ont vus sur le parcours. Moments chaleureux avec ces hommes qui vivent, parfois en famille, dans leur monstre de 25 mètres de long.
A droite du maïs, à gauche de la canne à sucre, et au milieu la 163 sans fin.
Le soleil couchant se reflète dans le marais. On distingue encore un jabiru qui n’en finit pas de se nourrir, fouillant la vase de son bec monstrueux.
Par centaines, les oiseaux, grands et petits, volent dans la même direction vers leurs dortoirs. C’est impressionnant et silencieux.
Cette journée nous a encore réservé des moments que nous attendions depuis longtemps. Merci à Osvaldo notre guide, qui ne parle que brésilien mais a su partager avec nous sa passion pour le Pantanal.
Ce petit singe faisait tout pour se faire remarquer; les parents veillaient discrètement
C’est tout ce qu’on a vu du jaguar..pour l’instant
Il restait un endroit pour piquer..les mains, et ils ne se sont pas privés
Dimanche 5 mai.
La date ne me dit rien du tout. On est hors du temps. Juste là et maintenant.
Départ ce matin pour la fin de la Transpantaneira jusqu’à Poconé et peut-être un bateau pour Corumba, sur la frontière Bolivienne. Il semble que ce soit très aléatoire.
C’était le prétexte, le point d’orgue de notre voyage. Le Pantanal est le plus grand marais du monde. C’est une réserve exceptionnelle de la faune tropicale.
Nous avons choisi, avec l’aide de SEDTUR (le secrétariat au tourisme du Mato Grosso) la pousada Piuval (pousadapiuval.com.br). Elle se situe au début de la Transpantaneira, une piste qui va de Poconé à Porto Jofre
Dès la station service, le ton est donné..
Le site est superbe, les chambres très confortables et la table excellente. Quant aux sorties, elles sont variées et passionnantes : marche, bateau et véhicule 4X4 équipés de sièges extérieurs. Nous sommes peu nombreux à la pousada (fin de la saison des pluies) et souvent seuls avec le guide. C’est parfait..
Toutefois, on a du mal à comprendre qu’avec autant d’insectivores, il y ait encore des moustiques..
Des champs de maïs grands comme Aurillac, des silos comme des buildings, des villes où il est plus facile d’acheter 30 tonnes de millet ou un camion qu’une bouteille de jus de fruit..Tout ici, dans cette partie du Mato Grosso, est démesure.
La BR 163 touche à sa fin, nous la laissons à Cuiaba, sans regrets.
Le Pinz a toujours son petit succès…
Comme s’il fallait une référence de plus à l’oncle Sam
Pour la fin du parcours, nous avons pris une route parallèle à la BR 163, qui devait être la route d’origine. Le bivouac avec le traffic 24 heures sur 24, on fuit un peu.
Il n’y a plus de camions!.. enfin, pour le moment, parce que les grands céréaliers mondiaux sont en train de faire main basse sur tout le Mato Grosso.
Un panneau indiquait une cascade au bout d’une piste, on ne l’a pas trouvée, mais on a fait un bivouac tranquille à l’entrée d’une fazenda.
Mercredi 1er mai 2019.
Cuiaba, capitale du Mato Grosso, 600 000 habitants.
L’office du tourisme est fermé. Demain, ce sera un festival de langage des signes pour expliquer ce que nous cherchons pour notre périple dans le Pantanal; l’anglais est très peu parlé, l’espagnol « un poco ». On verra bien.
La production céréalière du Brésil croît plus rapidement que ses capacités de stockage et transport. Alors que la production se situait au sud du pays, elle se développe rapidement vers le Nord, en particulier le Mato Grosso.
Les zones habitées sont dédiées aux camions : entretien, réparation, pneumatiques, restaurants et hôtels. Les restaurants sont des libre-service où le menu est toujours le même : crudités, viande , légumes et riz. C’est copieux et très bon.
Notre préféré:
En plus, la propriétaire nous a fait déguster son chocolat fait maison..
Beaucoup de bovins également
La BR 230 est rejointe par la BR 163 à une centaine de km de Ruropolis, et continue ensuite vers le Pérou.
Nous prenons la BR 163 pour 1400 km plein sud jusqu’à Cuiaba, point de départ vers le Pantanal.
La circulation des camions sur la BR 163 est dantesque : la route est loin d’être goudronnée partout, et la poussière rend la visibilité aléatoire..
Une autre jolie rencontre, Alex et sa famille, qui nous ont invités à partager leur repas. Ils nous ont également fait découvrir un petit coin de paradis
Les bivouacs sur la BR 163 ne sont guère folichons, en général en retrait (plus ou moins) de la route. On a tout de même eu une jolie surprise avec le repas du soir d’un groupe d’aras dans un palmier de l’autre côté de la route; soirée jumelles..
Retour sur la BR 163 et ses seigneurs de la route…
Celui-là ne sera pas pour nous
Samedi 27 avril. Nos vêtements sont imprégnés d’un subtil mélange de poussière et de sueur, qui contribue- avec l’absence depuis trois jours d’une toilette un peu fouillée -à un aspect négligé et probablement une odeur de chacal (mais qui ne nous incommode nullement puisqu’on la partage)
Après un rapide briefing, on décide que ce sera douche+nuit dans un vrai lit.
Construite à partir de 1970, elle relie le Pérou à l’Atlantique sur plus de 4000km.
Elle est ainsi :
…ou souvent ainsi:
On voit beaucoup de ponts..presque terminés
…et parfois pas de pont du tout
La traffic des camions est impressionnant: beaucoup font plus de 20 mètres de long et semblent glisser sur les ornières; sur certains tronçons, un cheval tiendrait à l’aise dans les nids de poule..
Les chauffeurs sont intrigués par le Pinz et discutent avec Jean-Paul par langage des signes mécaniques. Ces postos, stations-services et restaurants, se retrouvent même dans des endroits très isolés.
Parfois, un peu de romantisme..
A Altamira, on trouve tout le matériel agricole possible, les ateliers pour entretenir les mécaniques mises à mal par la piste, et un spécialiste du rodéo, très pratiqué dans la région