A bord du Leao do Marajo, la traversée dure un peu plus de 24 heures. On navigue parfois très près des rives, le long de l’Ile de Marajo.
Sur trois niveaux, c’est une forêt de hamacs, dans le bruit des moteurs et de la musique..
Une petite récolte d’açaï, petit fruit d’un palmier dont les Brésiliens adorent le jus
Arrivée à Belem, qui fut un grand port lors du boom du caoutchouc au milieu du XIXè siècle; l’âge d’or de l’hévéa brésilien fut à son apogée à partir de la découverte, en 1888, de la vulcanisation par Dunlop, et l’explosion de la demande en caoutchouc pour la fabrication des pneumatiques. Ce furent des fortunes établies en quelques années. Manaus est le symbole de cette folie des grandeurs qui fit construire au milieu de l’Amazonie un opéra digne des plus grandes capitales européennes.
Mais les graines du précieux hévéa furent transportées dans d’autres pays, en particulier la Thaïlande, où il s’acclimata beaucoup mieux qu’en Amazonie. Le cours du latex brésilien s’effondra en quelques mois et les belles cités abandonnées à la jungle.
Belem est encore un port important pour l’exportation du bois ou de la noix du Brésil.
Une des attractions est le Ver o Peso , un des plus grands marchés d’Amérique du Sud. On y trouve absolument de tout.
La forêt vient jusque dans le coeur des villes grignotter les pierres abandonnées
Des cordes, des seaux, des hallebardes…elle a fini par arriver.
Il pleut 4 à 5 fois par jour, pendant un quart d’heure ou une heure; c’est cataclysmique à chaque fois, mais ça ne trouble pas les brésiliens qui se réfugient un moment sous un toit (tous les toits dépassent ici), tant que toute cette eau jetée du ciel empêche d’y voir clair, puis repartent sans hâte à leurs affaires, avec ou sans parapluie; la pluie n’est pas ici sujet de conversation.
Il faut dire qu’on se douche ainsi par 29 ou 30 degrés, pour nous c’est très déroutant; tout cantalou vous dira que la pluie, c’est du froid sous peu, même en plein aôut.
Ici, on a même la sensation qu’il fait plus chaud après. Et si le soleil revient, on sèche en quelques minutes.
Macapa est la capitale de l’état d’Amapa (le Brésil compte 26 états); elle a la particularité d’être traversée par l’équateur, symbolisée par le Marco Zero, un monument situé au milieu d’un carrefour!
Tout près de là, un stade de futebol et un sambodrôme. Beaucoup de villes brésiliennes en possèdent un. Ce sont des gradins situés au-dessus d’une rue que l’on ferme de part et d’autre du défilé lors du carnaval.
Cette route de plus de 600 km a longtemps été un cauchemar à la saison des pluies, avant quelle soit progressivement aménagée; il reste encore 100 km de piste jalonnée d’une quarantaine de ponts en bois mis à mal certaines années quand les pluies sont vraiment fortes.
Elle nous a donné de délicieux frissons quand on en rêvait, en fait la piste était bien roulante, sans difficutés. Et pas de pluie..
Et puis le voyage, ce sont ces rencontres avec d’autres voyageurs, d’autres voyages, mais on se connaît par les routes, les galères et les moments de grâce vécus par chacun; c’est un peu comme si on parlait le même patois..Après la comparaison des véhicules et des aménagements, on partage des raviolis et une bière, on roule ensemble si la piste est difficile et on se quitte avec un moment de plus à ranger dans la mémoire.
De l’eau, partout de l’eau…
Un grage à carreaux (grands ou petits, nous n’avons pas trouvé), en tous cas très venimeux
Après les 100 km de piste de latérite, on se retrouve dans de grandes savanes avec des bovins et des cultures (soja?); on a même vu de la vigne.
Les vautours abondent, ils se déplacent assez peu, l’air saturé d’humidité semble leur demander beaucoup d’énergie pour faire décoller leur grosse masse noire.
De Cayenne à la frontière Brésilienne, à Saint Georges de l’Oyapok, il y a 200 km.
Nous avons fait un petit détour par la piste menant au saut Maripa.
Le pont dit binational est construit depuis 2011, mais n’a été ouvert qu’en 2017. Auparavant, on traversait l’Oyapoque en pirogue ou en barge pour le véhicules.
Il existe encore un traffic intense de bateaux entre Saint Georges et Oyapoque pour les passagers. Et puis il y a l’orpaillage clandestin et ses commerces dérivés : approvisionnement en nourriture, matériel, carburant, prostitution…
Les pièces nécessaires à la réparation du Pinz-à savoir l’optique de phare D et les clignotants avant- n’arriveront pas avant 10 jours. Trop tard, bien trop tard : on doit quitter la Guyane avant le 15 avril, sinon, on risque d’avoir à payer l’octroi de mer (qui consiste à taxer les produits qui entrent en Guyane, même s’ils viennent de métropole, donc de France) et surtout, surtout, nous, c’est au Brésil qu’on veut aller.
Alors on s’est mis au boulot…petit tuto en images…
Franchement, on dirait des neufs? Hein? Non? Oui, eh bien nous on trouve que c’est à s’y méprendre.
Et merci à notre voisin qui a fourni la perceuse indispensable au rafistolage du maintien de la réserve d’eau
A l’examen, les dégâts sont nettement moins graves que prévu. Les organes nobles (transmission, freinage, boîte de vitesse, demi-arbres, etc..) n’ont pas été touchés. Seul l’avant de la carrosserie a souffert, surtout il n’y a plus de clignotants ni de phare droit.
Un garagiste va s’occuper de nous, on espère en fin de semaine, après avoir trouvé les pièces.
On se voyait rentrer très vite, on l’avait accepté; et puis ce soir, ce sera caïpirinha pour fêter l’espoir de partir pour de vrai.
….Oui, bien sûr, on pourrait être malades, blessés, voire pire, et nous sommes des privilégiés d’avoir pu voir tout ce que nos voyages nous ont offert, mais tout de même, on se demande ce qu’on expie.
Hier, nous sommes allés à Cacao, au sud de Cayenne, dont le marché Hmong est réputé. C’était coloré, plein de rires et d’odeurs; on a visité la maison des insectes avec démonstration de l’agressivité de la mygale (si on la provoque vraiment). On a fait la causette avec un potier et on est rentrés en pensant à nos retrouvailles avec le Pinz.
A 11 heures ce matin, on a appris que le véhicule avait subi des chocs dans le container. On a vu, pas en détail, mais suffisamment pour comprendre qu’il était mal (voire pas) arrimé, et qu’il a cogné en avant, en arrière, en avant, en arrière, etc… par ,semble-t-il, mer très mauvaise.
On étudie les diverses options qui vont dépendre de l’état réel du Pinz. On en saura un peu plus demain. Peut-être. La marine marchande est un monde qui nous est aussi familier que l’héraldique ou l’élevage du ver à soie.
Autant vous dire que nous sommes dépités, et que la perspective d’annuler ce voyage est difficile à accepter.
Apatou est une petite commune au bout de la route, à 60km au sud-est de Saint Laurent du Maroni. Ici la vie est ryhtmée par le fleuve où la pirogue reste , malgré la route, le mode de déplacement principal.
Auparavant, on a eu la chance d’assister à un tir de fusée Vega à Kourou le 21 mars. Le CSG (Centre Spatial Guyanais) envoie en ligne, sur demande une invitation et on est amené en bus sur le site Ibis (il y a d’autres sites) situé à 12 km de la zone de lancement. C’est loin, mais le décollage avait lieu de nuit et c’était impressionnant…
En attendant le Pinz (pour le 1er avril en principe) nous sommes partis vers Saint Laurent du Maroni, deuxième ville de Guyane.
Saint Laurent du Maroni a été choisie pour devenir colonie pénitentiaire en 1850 environ , construite sur un plan quadrangulaire d’influence militaire. Le bagne devait jouer deux rôles : développer l’ouest guyanais et se débarrasser des indésirables sur la métropole.
Les conditions de vie des forçats étaient épouvantables, et il fallut les articles du journaliste Albert Londres à partir de 1924 pour que les français découvrent la réalité du bagne. De plus, ils subissaient la relégation : si la peine était inférieure à 8 ans, ils devaient rester, après avoir purgé leur peine, un temps équivalent en Guyane, et si la peine dépassait 8 ans, ils étaient « relégués » à vie en Guyane.
La plupart des bâtiments officiels et nombre d’habitations datent de l’époque de « la tentiaire » .
Le propriétaire de notre gîte dans le village amérindien de Terres Rouges, près de Saint Laurent, est aussi pilote d’ULM…Jean-Paul n’a pas raté une occasion pareille!
Sur l’autre rive du fleuve Maroni, face à Saint Laurent, on est à Albina, au Suriname. Le traffic, dans tous les sens du terme, est intense .
Notre petit camion fait partie de
ces véhicules atypiques qui provoquent sur son passage le suivi du regard amusé
des femmes et intéressé des hommes. On ne le croise pas souvent sur les routes
et son look minimaliste attire l’attention.
Mais derrière cette simplicité
apparente, se cache une débauche de solutions mécaniques originales, conférant
à ce petit engin des aptitudes exceptionnelles en tout terrain.
Je vais essayer de décrire ces
options originales. Je vous invite à
vous connecter au site du Pinzgauer Club de France pour plonger dans le monde
des amateurs de « Pinz » http://www.pinzgauer.fr
Le Pinzgauer
« Pinzgauer » est le
nom d’une race de petits chevaux de trait, habile et résistant, des montagnes
Autrichiennes. Le constructeur Steyr Daimler Puch avait déjà produit un petit
véhicule tout terrain aux performances remarquables : le « Haflinger »
(du nom d’une race de chevaux de trait, habile etc ……)
Ce véhicule a été conçu dans les
années 1968 sur le cahier des charges de l’armée Suisse. Il a équipé cette
armée à partir de 1971. En 1972 les
premiers modèles civils sont commercialisés.
Les concepteurs du véhicule ont
développé un véritable « Lego » permettant d’offrir, en utilisant les
mêmes sous ensembles des véhicules différents.
Ainsi il existe des Pinzgauer à 4 roues motrices et d’autres à 6 roues
motrices. Les carrosseries sont également multiples. On trouve des véhicules
bâchés, des véhicules tôlés, des ambulances des voitures atelier des voitures
radio etc….
L’architecture générale
L’architecture générale du
véhicule s’organise autour d’une poutre centrale qui remplace l’habituel chassi
en supportant les divers éléments (moteur carrosserie roues et suspensions). Ainsi, un gros tube situé dans l’axe du
véhicule parcourt ce dernier de l’avant à l’arrière. L’arbre de transmission est logé à
l’intérieur, ce qui assure une excellente protection. Cette poutre est interrompue au niveau de
chaque essieu pour laisser place aux différentiels. Ces derniers sont tous identiques. La boite de
transfert située juste à l’avant du premier différentiel arrière assure la mise
en rotation de l’arbre central. Le Pinzgauer club de France sur son site
internet présente une vue bien démonstrative.
Le différentiel
Ce différentiel est un organe mécanique d’anthologie qui mériterait une longue description. Nous nous contenterons de dire que cet ensemble assure la continuité de l’arbre de transmission de l’avant à l’arrière, la fonction classique de différentiel entre la roue droite et la roue gauche, mais de plus il assure l’articulation des demi arbre droit et gauche dans le plan vertical. Bien entendu une commande hydraulique permet de bloquer le différentiel. La conception de cet ensemble est suffisamment robuste pour que l’on puisse se passer de tirants pour reprendre les efforts de traction ou de poussée. Tout cela est d’une élégance mécanique dont je ne me lasse pas….. Aucun joint homocinétique exception faite des deux roues avant pour assurer la direction.
La suspension
L’architecture décrite ci-dessus
(poutre + différentiel servant de pivot au débattement des demi arbres) permet
d’avoir une suspension à roues indépendantes.
A l’avant la suspension est
assurée par des ressorts hélicoïdaux. A l’arrière sur le 6X6 ce sont des
ressorts à lames paraboliques qui s’en chargent. Ils sont montés longitudinalement en balancier
et relient d’une manière élastique les roues arrière.
L’amortissement est assuré par
des amortisseurs double effets tous identiques.
Le pont portique
Toujours dans la conception de la
chaîne cinématique il faut signaler que chaque roue comporte un réducteur. De
ce fait l’axe du demi arbre de transmission n’est pas confondu avec l’axe de la
roue. Il est situé plus haut ce qui améliore d’autant la garde au sol. Mais le
vrai bénéfice de ce système est : pour une vitesse donnée du véhicule, la chaîne
cinématique avant le réducteur de roue tourneras environ deux fois plus vite.
Ainsi dans les progressions lentes, en tout terrain, la lubrification des
ensembles mécaniques sera mieux assurée.
La direction
La direction est assurée par un
boîtier à vis et galet (classique) mais même dans cette fonction, les
ingénieurs de Steyr Puch ont innové. En plaçant
pilepoil dans l’axe du véhicule un petit guignol servant de relais entre les
diverses barres d’accouplement ils ont résolu un problème souvent ignoré des
constructeurs automobiles. L’adoption de
ce petit relais permet de satisfaire parfaitement l’épure théorique de la
direction. Ainsi (principalement en tout terrain), pendant un braquage, si une
des deux roues avant monte sur un rocher, l’autre ne changera pas d’angle de
braquage. Etonnant ? non ? ; mais quel confort de conduite (pas
de retour violent de volant). La
direction n’est pas assistée et reste une direction d’homme…
Le moteur
Ce véhicule conçu pour des
militaires avant le 1er choc pétrolier, n’a pas trop innové dans les
économies d’énergie. Le choix de
l’essence comme combustible fut retenu pour des questions de disponibilité mondiale
et pour son insensibilité aux basses températures. Compte tenu de l’époque de la conception,
l’alimentation se fait par carburateur et l’allumage d’une manière classique
par bobine et rupteur.
Encore un choix
particulier ; le moteur est refroidi par air au moyen d’une turbine
soufflant sur les ailettes des quatre cylindres. Le moteur est un moteur
culbuté avec de bons vieux poussoirs. Il est disposé longitudinalement mais
couché sur la gauche.
Le carter, ainsi que les
carburateurs double corps permettent la progression en tout terrain sans défaut
d’alimentation ou de graissage.
Avec un tel moteur et avec dans
la trousse à outil, quelques clés plates, un jeu de vis platinées et une
courroie de rechange, on peut voir la panne arriver avec
un large sourire…. Les possesseurs
de DTI, gavés d’électronique, de pompe HP, de turbo etc, me comprendront.
Par contre les possesseurs de DTI
vont sourire en apprenant que la puissance du moteur essence 2.5 l est de 90 ch
à 4000 Tm, et ils vont franchement rigoler en apprenant que la consommation est
de l’ordre de 18/20 litres.
La transmission
Entre le moteur et la boite se trouve un embrayage sec de bon diamètre à commande hydraulique. La boite de vitesse est une boite ZF à 5 rapports avant et une marche arrière. Toutes les vitesses sont synchronisées La première est très courte. En cinquième la démultiplication permet d’atteindre péniblement les 100 km/h. Mais la bonne vitesse de croisière est aux environs de 80 km/h. Une boite de transfert à deux rapports (également synchronisés), assure la liaison entre la boite de vitesse et l’arbre de transmission. On dispose donc de 10 rapports avant et de deux rapports arrière.
Modifications et aménagements
particuliers à notre véhicule
Mécanique
– doublement des amortisseurs
avant
– ressorts avant renforcés
– Allumage électronique Pectrocnix
– réservoir supplémentaire de 175
litres
– chauffage à essence autonome
– compresseur à air avec petite
réserve
– Direction assistée électrique
– Alimentation avant et arrière
pour branchement d’un treuil 24 V
Aménagement
– Remplacement des sièges
conducteur et passager par des sièges de Smart
– isolation de la carrosserie
avec doublage intérieur ctp
– Réserve d’eau avec pompe
– Lit deux personnes 130 x 200
– Casiers de rangement pour le
linge
– Casiers de rangement pour les
diverses bricoles
– Petite cuisine amovible
contenant un camping-gaz à un feu et divers rangements pour les ustensiles de
cuisine. Cuisine utilisable quand elle partiellement sortie du véhicule pour
les repas rapide , mais aussi totalement déposée pour aller faire la cuisine
sous un arbre.
– Rangement pour une table de
camping et de deux sièges
– marchepied double à commande électrique
– réservoir supplémentaire de 175
litres
– installation de panneaux
solaires 2×50 W avec régulateur et deux batteries auxiliaires Optima permettant
la décharge profonde
– Réfrigérateur à compression
CoolMatic CD-30
– Convertisseur de tension Orion 24/12
V DC 70 A
– Onduleur 24 V DC / 220 V
AC
– Soute à bagage avec plancher
mobile
– Petit auvent à mise en place
rapide
Matériel séparé
– Treuil électrique 5000 Kgr avec 30 m câble Dyneema
Treuil sur platine portant l’écubier permettant le
positionnement à l’avant ou à l’arrière du véhicule fixation par broche de
D=29mm
– Matériel de traction comprenant
sangle plate – sangle de tour d’arbre –
poulie ouvrante – manille